Travaux et recherche sur l'hypnose et la thérapie...
Voilà une question qui anime chercheurs, auteurs, praticiens et médecins depuis plus de deux cents ans… Voilà une des questions qui a été le point départ d’un voyage, mon voyage en terre hypnotique.
Tout a commencé au cours de mes premières formations d’hypnose, il y a plus de 10 ans. Malgré les formateurs et les écoles que je visitais, deux questions ne trouvais jamais de réponse :
« Qu’est-ce que l’hypnose ? » : très souvent les réponses étaient flous et contenaient des tas de concept vague (état modifié de conscience, hypnotisabilité, suggestibilité, contrôle…), et
« Comment ça fonctionne ? » : à part me donner des protocoles applicatifs quasiment aucun processus n’était mis à jour.
Additionnez à cela mes non-réussites (je n’ai pas dit échec), mes non-réussites face à mes premiers clients, malgré toutes ces formations… Faire ce voyage devint une évidence, un besoin. Il m’a fait pousser la porte d’un laboratoire de psychologie, le laboratoire de psychologie cognitive d’AIx-Marseille, pour y entreprendre une thèse doctorale sur l’hypnose.
Voyage passionnant, et sans fin, il m’a mené aux confins de l’hypnose, quelle soit expérimentale, clinique ou de divertissement, pour ensuite me faire explorer les nombreux courants que compte la psychothérapie, ancienne et moderne.
Afin de mieux comprendre les phénomènes hypnotiques décrits dans le domaine de la recherche expérimentale, nous avons réalisé un travail de synthèse sur les différents cadres théoriques de l’hypnose (synthèse portant sur la vingtaine de théories majeurs de l’hypnose : courant étatiste, courant non-étatiste et courant convergen). A l’issue de ce travail de synthèse, nous avons pu proposer une redéfinition et une modélisation, le Modèle I3, de ce que l’on appelle « hypnose » en pensant ces situations en termes de mécanismes psychologiques et cognitifs simples.
Dans le but de tester notre modélisation, nous avons construit une série d’expérimentations autour de deux phénomènes hypnotiques dits « sensoriels » présents dans les échelles d’hypnotisabilité standards : « le bras lourd » et « l’hallucination du moustique ». Grâce à l’application d’une suggestion « engageant l’intéroception et l’imagination » (EII) issue de notre modélisation, il nous a été possible d’augmenter, largement au-dessus des résultats obtenus dans la littérature, l’hypnotisabilité de sujets non spécifiquement sélectionnés pour leurs habiletés hypnotiques, et cela sans entraînement, ni induction hypnotique préalable.
Grâce à cette modélisation, nous avons pu proposer une définition de l’hypnose à la fois la plus simple possible, c’est ne faisant appel qu’à des termes connus et clairs (exit les notions types EMC, inconscient, et autres terminologies flous ou incorrects), et pouvant synthétiser les aspect majeurs des grands courants théoriques.
L’hypnose est donc : « un engagement du sujet dans une orientation particulière de l’attention centrée conjointement sur sa sensorialité et son imagination ».
Le rôle de l’hypnotiseur est de sécuriser, d’accompagner et de motiver, en s’appuyant sur la relation, le sujet à s’engager dans ce processus attentionel.
En terme d’autre termes, l’hypnose est processus actif, un processus dynamique lié à l’attention. L’hypnose n’est « qu’une » orientation particulière de l’attention où le sujet se concentre sur ces sensations et son imagination. C’est-à-dire que le sujet engage, porte, son attention sur son vécu sensoriel et imaginaire (au détriment des informations en provenance de la réalité extérieur_). Plus le sujet met son attention sur ce « vécu », plus il plonge dedans, plus il se coupe de la réalité. Et, l’hypnose étant liée aux processus attentionnels, le sujet peut passer très rapidement d’un vécu à l’autre, ou encore d’un vécu sensoriel intense à une pensée consciente ou une perception de son environnement, et vice versa.
Souvent ce que je dis à mes clients : « l’hypnose commence quand vous arrêtez de réfléchir et que vous vous mettez à ressentir et imaginer ».
Résumé : « Afin de mieux comprendre les phénomènes hypnotiques décrits dans le domaine de la recherche expérimentale, nous avons réalisé un travail de synthèse sur les différents cadres théoriques de l’hypnose. A l’issue de travail de synthèses nous avons pu proposer une redéfinition et une modélisation, le Modèle I3, de ce que l’on appelle « hypnose » en pensant ces situations en termes de mécanismes psychologiques et cognitifs simples.
Dans le but de tester notre modélisation, nous avons construit une série d’expérimentations autour de deux phénomènes hypnotiques dits « sensoriels » présents dans les échelles d’hypnotisabilité standards : « le bras lourd » et « l’hallucination du moustique ». Grâce à l’application d’une suggestion « engageant l’intéroception et l’imagination » (EII) issue de notre modélisation, il nous a été possible d’augmenter, largement au-dessus des résultats obtenus dans la littérature, l’hypnotisabilité de sujets non spécifiquement sélectionnés pour leurs habiletés hypnotiques, et cela sans entraînement, ni induction hypnotique préalable.
Enfin, dans une dernière expérience, nous avons voulu appliquer notre modélisation à un phénomène hypnotique plus complexe et impliquant un processus automatique non contrôlable : l’annulation de l’effet Stroop. Notre suggestion EII permet de réduire l’effet Stroop sur des sujets non sélectionnés, mais ne semble pas suffisamment efficace pour produire des hallucinations visuelles assez puissantes ou assez prégnantes ayant un effet aussi massif que celui obtenu avec des sujets Hautement Hypnotisables.
Les implications de notre travail sont discutées en dernière partie. »
Université Aix-Marseille, Laboratoire de Psychologie Cognitive, 2017 – Lien
Abstract : « We tested a working hypothesis that the ideomotor and motor-control suggestions measured by current hypnotizability scales depend on the activation of an interoception-imagination proces- sing loop. In three experiments, participants were exposed to an induction phase, Items 3 (mosquito hallucination) and 8 (arm immobilization) of the Stanford Hypnotic Susceptibility Scale, Form C, and a new version of Item 8 involving the additional activation of imaginative and interoception processes. We found that this modified version of Item 8 elicited greater respon- siveness to suggestion, irrespective of its position in the sequence of hypnotic items. We argue that this interoception-imagination loop hypothesis provides a useful information processing analysis for understanding several hypnotic phenomena. »
In : Alain Parra & Arnaud Rey, Consciousness and Cognition 73 (2019) 102765 – link
Abstract : « We wish, through this article to underline the therapeutic effects obtained thanks to hypnotic practices with institutionalized elderly reached (affected) by the Alzheimer’s disease. The hypnosis is effective on the behavior disorders associated to the insane pathology. She indeed allows to reduce the anxiety and the depressive character of the patient thanks to protocols which the clinician will have known suited and to adapt to the subjectivity of the subject. »
In : A. Parra, R. Rossi & A.J. Vaillant Ciszewicz, Annals of Depression and Anxiety 2(5): 1060, (2015) lien
Poster session VIII, Convention APS (Association for Psychological Scieence), San Franscico « Cancelling the Negative Priming Effect with Repetition », A. Parra, C. Monges & A. Rey (2014) lien
Dr en Psychologie & Thérapeute
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